J’ai habité près d’une antenne du Secours Catholique, au centre-ville de Besançon. La structure étant fermée le week-end, certaines personnes qui voulaient faire des dons à la boutique solidaire du Secours Catholique (ou qui profitaient de leur congé pour faire le tri dans leurs affaires) les déposaient simplement devant la porte, au pied du rideau de fer baissé à ce moment. Ainsi les bénévoles trouvaient à leur retour vêtements, chaussures, vaisselle dispersés aux abords de la boutique.
Après un tri, une partie des dons étaient remis à la vente. Il n’y avait donc pas
vraiment de lien entre les donateurs anonymes et les bénévoles. J’ai créé une étape supplémentaire en emportant parfois quelques vêtements et par une méthode simple et rudimentaire, le transfert avec un fer à repasser, j’appliquais la reproduction d’une oeuvre sur le tissu. J’ajoutais une légende avec les références de l’oeuvre.
Je faisais ensuite don de ces vêtements au Secours Catholique sans mentionner
mon intervention. Ceux qui les ont reçus portent donc une oeuvre d’art, peut-être
à leur insu, et se promènent avec mon regard sur l’art et l’univers qui m’intéresse.
Je considère ce travail comme un mode de diffusion discret et parallèle.
Je poursuis ce travail à Paris, où j’habite maintenant, mais dans un environnement
différent, puisque je suis installée à quelques centaines de mètres de la Porte de
Clignancourt qui accueille chaque semaine d’énormes puces et dont les rues sont
souvent jonchées des restes de ces marchés dans un joyeux désordre. Cette suite a été présentée en octobre et novembre 2017 à Saint-Rémy dans le cadre du Prix de la Jeune Création où des vêtements sont montrés au public avant de repartir dans le circuit de la boutique solidaire Emmaüs Marcadet-Poissonniers.